Drink tea. Read book. Be Happy. ft. Calliope

Ulysses & Calliope

Drink tea. Read book. Be Happy.

La bibliothèque fourmillait encore en ce samedi matin. Il y avait une odeur de café qui flottait dans l’air, avec un peu de panique dans le regard de certains étudiants. La saga des révisions continuait à battre son plein et il en rentrait et en ressortait encore plus que d’habitude. Et comme c’était samedi, ils décidaient de venir en meute pour être certains d’avoir assez de temps pour étudier ou pour terminer leur travail. Au moins, cette fois-ci, tu ne serais pas seul pour ramasser tout ça. Mais tu soupiras simplement à l’idée de devoir tout ranger à nouveau à leur place. Au moins, tu pouvais le faire au fur et à mesure lorsque tu étais dans les rangées, mais il y avait une file qui s’accumulait en bas et comme tu voulais éviter que tes jambes ou de faire un autre cinq kilomètres de marche, tu allas te placer au comptoir en question. Et la ligne était... elle était longue, plus que d’en haut. Tu ne perdis pas ton sourire cependant, tout en continuant d’être poli. Au comptoir, c’était l’éternel, je le prends ou je ne le prends pas, je ne sais pas comment renouveler mon livre ou je vous rends tout. C’était chiant, plus que ça ne paraissait, surtout quand les gens étaient indécis sur leur choix de livres ou que certains étudiants oubliaient qu’il y en avait d’autre. La limite d’emprunt était de vingt et certains poussaient la limite jusqu’au bout. Tu restais souvent dans les rangées ou dans le système pour cette raison. À la fin de la journée, tu savais que le bruit agaçant du scan allait te suivre jusque dans tes rêves cette nuit.

La file avait petit à petit diminuée et tu pouvais enfin respirer un peu plus librement. C’était toujours la folie quand il venait la période des examens. Magicalement, les étudiants se rendaient compte qu’il était temps de mémoriser des choses. Au fur et à mesure que les gens diminuaient, tu pouvais aussi voir l’horloge avancer. Tu commençais à voir le bout du tunnel et tu pouvais déjà penser à retourner aider tes collègues en haut. Puis, c’est là qu’il est arrivé de manière complètement inattendue, comme toujours. Cette fois, tu ne pouvais définitivement pas y échapper... ! Ulysses Templeton était un habitué de la bibliothèque et disons qu’il était... ok, il était très charmant. Dans tous les sens du terme et chaque fois, le hasard faisait en sorte que tu tombais sur lui, mais quand c’était dans les rangées, tu pouvais au moins essayer de faire semblant de travailler et ne pas sentir ton front se perler de sueur de stress, alors que là... C’était impossible derrière le comptoir. Te raclant la gorge, tu te contentas de sourire nerveusement, tout en essayant de rester naturel (bien que c’était une mission quasi-impossible, maintenant que tu y repensais plus sérieusement) « Monsieur Templeton. Je vois qu’on a été productif depuis la dernière fois, » lui fis-tu remarquer. Bon sang que c’était nul comme phrase, mais c’était la chose qui t’étais passée par la tête à ce moment-là en le voyant arriver avec son sourire... et sa pile de livres, oui, la pile de livres étant la principale raison de sa venue. « J’espère que vous avez apprécié votre lecture et que vous êtes à la recherche de nouvelles aventures. » En fait, tu ne savais pas si t’avais vraiment envie de l’accompagner dans les rangées de livres. Mais c’était déjà un début et puis, bon, tu lui faisais la conversation sans être trop malaisant, c’était un miracle en soit. « Je vais bien, comme vous pouvez le voir, c’est assez occupé avec les révisions des étudiants.» lui souris-tu, en secouant la tête et en scannant les livres qu’il avait précédemment empruntés pour les remettre disponibles dans le système.

Ulysses & Calliope

Drink tea. Read book. Be Happy.

Tu avais l’habitude de parler et d’avoir des habitués. Des bêtes de lecture qui revenaient semaines après semaines pour emprunter des livres de toutes les sortes. Ce n’était pas rare de revoir des clients ou des personnes. Donc, ce n’était pas si épeurant, n’est-ce pas ? Ce n’était pas censé l’être et pourtant, c’était différent avec l’homme qui était devant toi derrière le comptoir. Un tas de choses traversaient ton esprit et pourtant, tu ne voulais pas qu’il te prenne pour un idiot. Tu savais qu’il se doutait de quelque chose, maintenant que tu l’évitais un peu plus depuis quelque temps. Ce n’était pas la meilleure situation possible, mais tu n’avais pas le choix à ton poste. Tu essayais de te ressaisir chaque fois qu’Ulysses passait la porte de cet établissement parce qu’il était charmant et que tu sentais qu’il te plaisait bien. Et c’était ça le problème justement. Comme d’habitude, tu étais tombé dans le piège de te faire charmer par celui qui venait souvent. C’était tellement cliché que tu trouvais ça ridicule comme situation. Il était charmant, certes, mais tu ne connaissais pas grand-chose de cet homme, mis à part qu’il avait un très bel accent, qu’il avait deux enfants et que c’était un rat de bibliothèque qui aimait beaucoup lire. Sinon ? À part ça ? Tu ignorais tout du reste de sa vie. C’était un client comme les autres, mais les battements de ton cœur te disaient autrement. Ils te trahissaient et c’était complètement incroyable. Cliché, oui. Étais-tu dans un mauvais livre d’Emily Brontë ? Bon sang !

Tu te ressaisis en essayant de ne pas trop y penser, continuant de sourire à Ulysses qui continuait de te faire la conversation. Tu aurais pu l’écouter pendant des heures. Il continua de te parler en faisant allusion à ses anciennes études et tu ris doucement. Toi aussi, elles étaient loin derrière toi, mais tu côtoyais tout de même de la jeunesse à la bibliothèque avec tous ces étudiants qui pouvaient la remplir. C’était rare. C’était souvent en période d’étude très intense qu’ils venaient en troupeau. C’était parfois très intimidant et c’était beaucoup de travail pour tout remettre en place, mais. Mais tu aimais ce nouveau travail. « Moi aussi c’est très loin, mais j’ai toujours ces périodes pour me rappeler que j’étais parfois comme eux à leur âge. » lui confias-tu, tout en riant nerveusement. « Surtout quand je les vois prendre ces encyclopédies et faire de longs travaux sur leurs ordinateurs. » Tu n’étais pas tellement à l’aise avec toute cette technologie, mais tu te faisais aider par Elijah et Tao pour ce domaine. Il poursuivit en parlant ensuite de son boulot. En effet, l’hiver avait ses effets négatifs sur tout le monde. Même toi, tu manquais toujours de tomber à quelque part où il y avait de la glace. Mais tu aimais bien cette température, malgré tout, qui semblait s’adoucir. Le printemps allait arriver. « Espérons que le printemps arrive plus tôt cette année. J’adore cette saison. C’est une sorte de renouveau. Après l’hiver rude. »

C’est là que tu as comme... figé ? Bon sang, est-ce qu’il venait de te proposer de t’emmener un café ? Tu figeas quelques instants pour avoir le temps de comprendre tout ce qu’il avait à te dire. Non, Calliope, tu ne devais te faire d’idée. C’était pire. Tu savais que ce n’était qu’une banale proposition. Après quelques secondes qui parurent comme une éternité, ton cerveau se remit en marche. « Vous ne me dérangez pas du tout. D’ailleurs, la file derrière vous s’est dissipée. Je serais heureux de vous aider à nouveau selon ce que vous recherchez cette fois-ci. »