Le jour était mal choisi pour rester au lit, cependant, elle n’arrivait pas à croire ce qu’elle allait faire. Tenir la main d’une collègue devenue amie. C’était étrange pour elle de se dire qu’elle approchait de l’âge de Becca et qu’elle pourrait dans cinq ans se retrouver dans son cas et faire appel à l’insémination artificielle. Elle se retourne dans sa couette, ses cheveux blonds encore en bataille d’une autre nuit agitée. Encore. Elle n’arrivait que rarement à dormir, trop chaud, trop froid, trop malade. Décidément, ce genre d’affaire qui prenait des années la foutait dans des états innommables et elle avait un peu honte d’avoir des cernes de six pieds de long alors que le jour était si important pour son amie. Pourtant, elle se fait violence. Thé, douche tout y passe pour faire disparaitre la fatigue de son visage, pourtant, c’est à coup de BB crème et de fond de teint que le tout s’atténue. Lui rendant une mine presque maladie qu’elle modifie à coup de bronzeur. Elle n’était pas à l’aise pour se maquiller et en faisait le minimum. Teint, lèvres et mascara. Elle n’avait pas besoin de plu, se trouvant déjà assez bien gâtée par la nature lors de certaines périodes. Pourtant, elle tourne le liquide ambré dans sa tasse. Elle cherchait une occupation, mais ses yeux fermés ne lui montre que le portrait de cette petite Astrid qui attendait encore et toujours que jugement soit rendu pour sortir de l’enfer que lui faisait vivre ses parents. Danae détestait l’attente de la justice, sachant parfaitement bien que l’encombrement judiciaire était réel pour des affaires où il n’y avait pas d’intérêt. Mais dès lors que l’américain moyen pouvait attaquer le resto de Kebab de sa rue pour un cheveu dans un sac de kraft, il le faisait. C’était ce genre de mentalité qui la dépassait.
La mentalité américaine était si lointaine de celle de son suédois de père. Grandir avec la notion de travailleur dur, d’être altruiste, ce n’était pas donné à tout le monde, elle le savait. Pourtant, elle déplorait ce monde sans queue ni tête. Après tout, elle n’en voyait que les côtés négatifs, mais elle avait choisi cela.
Becca passe donc la prendre comme convenu. C’était la moindre des choses, bien que Dane aurait préféré venir la chercher. Stressée comme elle devait être, conduire n’était pas la meilleure des idées. Mais en un sens, si ça lui faisait penser à autre chose…
« Hey. On t'a déjà dit que tu avais l'air d'avoir de bon gênes ? T'as jamais songé à devenir mère porteuse par le plus grand des hasards ? Des maladies mentales dans ta famille dont je devrais être au courant ? » Elle sourit en prenant place. Son skinny recouvert d’une tunique turquoise et d’un manteau long type trench noué dans le dos. Un mince sourire, elle répond par une sorte d’ironie nerveuse.
« Je crois que ma mère trouverait le moyen de m’assassiner moi et le couple pour qui je porterais le bébé si tu veux mon avis. » Elle croise ses mains entre elles.
« Mais rien de mental, juste une leucémie ici et là. » Helen refaisait surface dans son esprit à ce moment. C’était la triste vérité qu’un possible bébé Danie soit atteint de ce genre de maladie malheureusement. Elle regarde les buildings défiler, le temps d’un instant, elle aurait envie de la pincer, quand elle prononce :
« Je peux pas vraiment faire pire que tous les parents looser qu'on rencontre si ? » Lasse, elle tourne la tête, presque des flammes dans les yeux.
« Depuis quand tu te considères comme une looser Becca ? OK t’as des rides, mais ça change rien. » Finalement, Danae rit un instant. Les rides, elle en aurait bientôt aussi…
« La seule chose que tu pourrais faire, c’est d’en faire trop pour ne pas leur ressembler et finir par être ceux que tu jures de combattre. » Elle lève la main, posant son autre sur le cœur.
« Mais je jure que je saurais t’arrêter avant ça. » Elle tente de provoquer le rire Danae, en espérant que l’atmosphère redescende d’un cran.
Pourtant, la destination approche, finalement, le centre médical se dessine. Tout s’arrête. Et la blonde sent bien Becca, elle sent bien une sorte de panique, de stress préparental.
Elle tente de lui prendre le bras pour la faire avancer. Se faire enregistrer, et attendre. Les murs sont blancs, ou écrus, ou gris clair. Ça sentait l’antiseptique et la mort, Danae détestait ça, quand elle venait dans les hôpitaux c’était souvent pour interroger des enfants battus et en post-trauma. Pourtant, elle reste près de Becca, un sourire sur les lèvres.
« Tu veux de l’eau ? Quelque chose plus tôt que de réduire ma main en miette ? » Lâche-t-elle un mince sourire en coin sur le visage.