Philip - qu'est-ce qu'un océan sinon une multitude de gouttes de pluie ?

Le regard dans le vide, les yeux dirigés vers son plafond, le cerveau de Philip tournait à mille à l'heure. Ce fut le bruit strident du réveil qui le sortit de ses intenses réflexions. 6h30, déjà ... Le réveil de sa femme était toujours désagréable, mais ce matin c'était un euphémisme. Comme à son habitude, Amélia se leva d'un trait, sans un mot ou même un geste. Toujours la même routine, toujours les mêmes mouvements. Ils ne se levaient pas en même temps, le cabinet de sa femme l'attendait très tôt le matin. Le métier d'avocate lui prenait tout son temps.

Pourtant, quand son propre réveil sonna, nos psychologue eut toutes les peines du monde à sortir du lit. En même temps, une nuit blanche n'aide pas à reposer les muscles. Durant tout ce temps, Philip s'était retourné la scène dans sa tête et à chaque fois ce fut les mêmes questions. Qu'allait-il donc faire ? Quelle était la meilleure solution ? Qu'est-ce qui était le plus important ? Respecter la déontologie de son métier ou faire son métier ? Les deux n'étaient-ils pas liés ? La situation en était un parfait contre-exemple.

Le baiser. Ce moment ne voulait pas quitter son esprit. Il avait embrassé une des patientes, Kennedy Davis. A chaque fois que la scène s'impose à lui un mélange de remord, de désir et de culpabilité. Il ne pourrait pas expliquer ce qui l'a poussé à le faire. La ramenant chez elle, comme assez souvent récemment, il l'avait laissée sur la pas de sa porte quand ils se sont rapprochés. Il était marié, il avait une adorable petite fille au caractère bien trempé, tout se passe bien à son travail. Pourtant il a fallu un regard azur d'une jeune femme pour tout bousculer. Puis, comment pourrait-il continuer ses séances avec elle après ça ? Devait-il lui conseiller un confrère ? Et si cela lui allait pas ? Il ne pouvait pas la laisser tant que sa thérapie n'était pas terminée. Cette pensée le rendait dingue.

Heureusement, il n'avait pas de rendez-vous au cabinet de prévu ce jour-ci. Il devait déposer une correction de thèse à l'Université, puis il avait quelques heures de libre avant des travaux dirigés avec des 2ème années. Il décida alors de faire un saut chez sa charmante petite sœur.

Rose Iris Darcy était la petite sœur rêvée. Du moins, Philip savait qu'il pouvait toujours compter sur elle. Elle portait merveilleusement bien ces prénoms car celle-ci était ... Fleuriste de son état. Le destin voue joue des tours assez comiques parfois.

Il était pas loin de 14h quand Philip débarqua dans sa boutique dans l'espoir qu'elle fusse tranquille et ils se rendirent tout deux dans l'arrière-boutique. Les boucles blondes de Rose flottaient dans un vent printaniers et son sourire eut le don d'alléger les épaules du jeune homme.

Les deux frère et sœur étaient inséparables dans leur jeunesse. De 2 ans sa cadette, ils pouvaient jouer ensembles facilement et passer tout leur temps à se chamailler, se courir après mais surtout à s'aimer. Philip est une personne loyale de nature, prévenant et prudent alors que Rose, une tête brûlée qui fonce toujours sans vraiment réfléchir à ce qu'il attend. Philip l'admirerait toujours pour cela. Car Rose ne s'est pas toujours appelée ainsi. Il y a plusieurs années, elle répondait au nom de Daniel, jusqu'à ce qu'elle ne commence sa transition. Connaissant son mal-être depuis longtemps, le brun voulut l'aider du mieux qu'il put, mais les deux eurent plus d'informations une fois des associations LGBT contactées. La nouvelle à leur famille fut un véritable choc. Rose avait encore 16 ans et ses parents la mirent dehors. Heureusement que Philip était là, il l'hébergea dans sa chambre étudiante en secret jusqu'à ce qu'elle ne trouve un petit boulot de vendeuse chez un fleuriste. La suite fut beaucoup plus joyeuse. Prise sous l'aile du gérant, Rose s'épanouit comme les fleurs de son magasin. Elle et son frère s'impliquèrent davantage dans les associations qui les avaient aidés.

Notre Homme savait qu'il pouvait tout lui raconter, ils n'avaient pas de secret et souvent, elle était de bon conseil. Ce fut alors, le coeur lourd que Philip raconta son aventure à sa soeur.

« C'est le sel de la vie ma face de chiot, parfois il faut lâcher prise ! » Qu'elle lui disait le plus souvent. Et cet après-midi il n'y échappa pas. Tellement spontanée. Philip la regarda, assez dubitatif. Avant quelle ne reprenne la parole : « Toi seul sais ce qu'il serait le mieux pour vous deux. Sinon, fais comme tu le fais à chaque fois, un tableau des pour ou des contres ! ». Elle dit la dernière phrase avec un léger rire dans le voix. « Plus sérieusement, tu sais ce que je pense d'Amélia depuis que tu me l'as présentée. Et vu ce que tu me racontes depuis quelques-temps, les choses n'ont plus l'air d'être ce qu'elles étaient avec elle ! Si cela se trouve, tu es la moins fautif dans du lot ... ».

Le seul son qui sortit des lèvres de Philip fut un enchaînement de grognement. Il était vrai que Rose et sa femme ne pouvaient pas se voir en peinture. Et il était aussi vrai que les choses n'allaient plus très bien avec Amélia. Mais devait-il en arriver là ?